En français
Chansons chantées par mon père
La destiné la rose au bois: https://www.youtube.com/watch?v=HWOSrR6Ol54&list=RDHWOSrR6Ol54&index=1
Le Vrai Moi
La découverte de la différence entre le vrai moi et le moi basé sur les croyances et sur les attentes ou demandes des autres fut d’une importance énorme pour moi. J’ai passé des années essayant d’être le bon petit garçon, aimé des adultes, des religieuses enseignantes, des curés. À l’université c’étaient les professeurs qui désignaient la cible vers laquelle je devais orienter ma vie. Une fois devenu professeur moi-même, c’était le succès dans les recherches et les publications qui me motivaient. C’est seulement à la quarantaine arrivée que j’ai pris conscience que ce que j’essayais devenir était un idéal, un schéma mental qui ne constituait pas le vrai moi.
Quand, enfin, j’ai commencé la recherche de qui ou quoi je suis vraiment, j’ai pris une mauvaise piste en croyant que je pouvais y arriver par la recherche académique. J’ai fait des tas de lectures en psychologie, philosophie et spiritualité, des explorations intellectuelles qui me donnerait la définition du vrai moi. Un beau jour, j’ai réalisé qu’il y avait la possibilité d’une expérience directe et immédiate de moi-même. J’y suis arrivé par l’intermédiaire d’une sorte de méditation ou je mettais toute mon attention, toute ma conscience, sur les sensations corporelles qui se manifestent dans le processus de respiration: d’abord, le mouvement de la cage thoracique et de l’abdomen, aussi bien que la douce caresse du souffle entrant mes narines. Après, je percevais des nuances de sensations plus subtiles: des petites vibrations, des vagues de plaisir, des chairs de poule, un petit picotement au cuir chevelu, etc. C’était l’énergie vitale elle-même que je ressens au corporel et qui me permet de dire, «C’est ça le vrai moi. » Ce «ça » ne peut pas être exprimé au défini avec des mots ou des schémas construits par la pensée. C’est une réalité vécue, saisi sur le vif. Ce n’est pas une chose ou une entité quelconque, c’est un processus, un mouvement toujours évoluant. Le vrai moi ce n’est pas quelque chose que je devais devenir, mais quelque chose que je suis déjà. Le seul défi était de laisser ce vrai moi évoluer et se manifester par soi-même sans le résister .
Aujourd’hui je trouve tout ça merveilleux. J’ai seulement à lâcher prise de ce qui est conditionné et programmé pour m’abandonner à l’élan vital qui est le vrai moi. Je me trouve proche du point de vue exprimé dans L’abandon corporel; au risque d’être soi par Aimé Hamann et ses collègues. Mon seul projet est de vivre et agir chaque jour en pleine conscience du simple fait d’exister, d’être vivant. Dans l’expérience corporelle de l’énergie vitale elle-même se trouve la joie, l’amour, la paix intérieure, le plaisir, la beauté et le miracle.
Ma tante Imelda
Ma tante Imelda, soeur ainée de mon père, était célibataire. Un soir elle visitait chez nous quand, à l’heure venue, ma mère m’a envoyé, avec mon frère Gérard, nous coucher dans notre chambre au deuxième étage. Peu après nous descendîmes l’escalier en catimini pour écouter ce que disaient les grands. Bientôt nous commencions de taquiner et rigoler. Alors c’était un autre “allez vous coucher.” Nous faisions semblable de monter, sans le faire. Ce petit scénario s’est répété plusieurs fois. La dernière fois c’était des culbutes et d’autres folies qui ont épuisé la patience de notre mère. Mais tante Imelda se mît a rire en disant, “C’est dont plein de vie! C’est dont plein de vie” C’est comme si, étant célibataire, elle ne partageait pas les soucis d’une mère. Mais elle pouvait apprécier quelque chose de précieux.
Alors, il y a à plus que soixante dix ans que cela est arrivée. Je m’en suis souvenu de temps en temps durant les années. Hier en réfléchissant d’avantage, j’ai eu la révélation qu’en effet je suis encore “plein de vie.” Ça fait un beau petit mantra, “Je suis plein de vie.” C’est une merveille, c‘est un miracle. Et vous aussi, vous êtes plein(e)s de vie. Alors célébrons cette plénitude ensemble, commençant aujourd’hui.
Le Sens d’Entièreté
Il y a un état de conscience, ou plutôt un état d’être, que j’appelle le sens d’entièreté. Quand je me trouve dans cet état, les activités mentales de raisonnement, de calcul, de planification, se sont tranquillisées et demeurent à l’arrière-plan. Par contre, je suis vivement conscient de mes sensations corporelles, en particulier des mouvements qui font partie du processus de respiration. Il peut y avoir des sensations de chaleur, des frémissements et des ruissellements énergétiques, même des ondes de plaisir. Parfois je ressens un relâchement des muscles de la poitrine comme si une cuirasse musculaire protégeant mon coeur fondait et me laissait dans une vulnérabilité et une tendresse insolites. En même temps, il me semble que tout est bien exactement comme il est et rien ne manque. C’est un état de clarté mentale, de connaissance immédiate et directe qui n’a aucun besoin de preuve logique. Je me ressens comme étant entier et complet: pas de conflits intérieures, pas de dualité de corporel et spirituel. Je me ressens aussi en entièreté avec tout ce que je perçois, voire tout ce qui existe. Ce n’est pas que des choses séparées et indépendantes se sont connectées d’une façon ou d’une autre, mais qu’il n’y a pas et n’a jamais eu de séparation. Et tout ce sens d’entièreté apparait, non comme quelque chose que je fais moyennant un acte de volonté mais comme une réalité qui arrive de soi même et que j’accueil comme une grâce.
J’expérimente le sens d’entièreté avec divers sentiments qui peuvent différer d’une expérience à une autre. Il y a souvent une paix et une sérénité profondes. Il y a toute une gamme de bonheur montant jusqu’à la joie approchant l’extase. Parfois c’est un sens de liberté comme un faucon planant les courants d’air, ou la danse effréné des grues blanches. Il peut aussi y avoir des larmes. Mais surtout c’est un émerveillement en face à la beauté et le mystère du monde que nous habitons et du simple fait d’être, d’être vivant.
Ce sens d’entièreté n’est pas une chose rare ou extraordinaire. C’est peut être la condition habituelle de petits enfants. Beaucoup de vous pourront témoigner d’expériences semblables. Quand, dans mon adolescence, je pris conscience de cet état, je le comprenais dans le contexte de la théologie catholique, croyant que cela provenait d’une sorte de communion avec le bon Dieu. Aujourd’hui je pense que c’est complètement naturel, disponible à tout le monde, qu’ils soient croyants ou non. Réjouissons nous en!